Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
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Notre sélection de la semaine : “ La femme accident T.1 ” par Olivier Grenson et Denis Lapière, “ Pauvres zhéros ” par Baru [d’après Pierre Pelot], et “ Garrigue T.1 : Personne n’est à l’abri d’une mauvaise rencontre ” par Olivier Berlion et Corbeyran.
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“ La femme accident T.1 ” par Olivier Grenson et Denis Lapière
Editions Dupuis (14 Euros)
Premier volume d’un diptyque qui s’annonce passionnant et poignant, cet album retrace le parcours romanesque d’une jeune femme inculpée pour meurtre, et qui attend, sereinement, la fin de son procès en captivité. Entre les scènes juridiques où celles dans la prison, le récit nous plonge dans les corons de la banlieue de Charleroi, lesquels ont bercé l’adolescence de cette « Femme accident », aujourd’hui séparée de son petit garçon. On comprend très vite que l’héroïne, délaissée par sa famille, a usé de ses charmes pour se complaire dans une vie facile mais destructrice. Malmenée par un amant trop tôt rencontré, ses rêves volent vite en éclats et elle devra assumer les conséquences d’un accident dont on ne sait encore rien à l’issue de cet opus : mais le décor du drame, lui, est bien planté… L’association du prolifique et toujours très intéressant scénariste Denis Lapière (auteur des séries « Charly », « Ludo » ou « Oscar » et de nombreux petits bijoux comme « Le bar du vieux Français » ou « Un peu de fumée bleue ») et du méticuleux dessinateur Olivier Grenson (illustrateur de la série à succès « Niklos Koda »), qui, ici, utilise pour la première fois, de façon flamboyante, le procédé de la couleur directe, fonctionne parfaitement. Son élégant style réaliste, efficace et lumineux, est en effet idéal pour mettre en valeur la protagoniste mélancolique de cette histoire sensible, située dans sa ville natale : vivement la suite… A noter qu’à l’occasion des 20 ans de la collection « Aire Libre », où est publiée cette subtile intrigue romanesque, une édition spéciale, au tirage limité, est proposée sous jaquette, avec un cahier supplémentaire de six hors-texte et des dessins inédits.
“ Pauvres zhéros ” par Baru d’après Pierre Pelot
Editions Casterman (15,95 Euros)
Née de l’association des éditions Payot/Rivages et Casterman, une nouvelle collection de polars en images, signés par quelques-uns des plus grands noms de la littérature policière et de la bande dessinée actuelle, vient de naître : et « Rivages/Casterman/Noir » propose, d’emblée, quatre titres aussi incontournables les uns que les autres. Nous reviendrons certainement sur les adaptations réussies des romans de Donald Westlake par Lax, de Jim Thompson par Miles Hyman et Matz, ou de Budd Schulberg par Georges Van Linthout et Rodolphe, car chacun d’eux y dévoile des talents cachés, réussissant à innover dans un format ramassé et une pagination avoisinant les 120 pages. En attendant, nous allons commencer par vous conseiller ce sordide récit campagnard, qui, à la différence des autres, n’était pas paru à l’origine dans la célèbre collection dirigée par le grand spécialiste du roman policier qu’est François Guérif… Un gamin trisomique s’est échappé d’un orphelinat où il ne fait pas bon vivre : tout le village se met à sa recherche. Police et médias, aussitôt alertés, permettront-ils de mettre à jour les curieuses pratiques de cet institut qui sert aussi d’hospice ? Baru, grâce à son graphisme pêchu, s’approprie de belle manière le récit explosif et bien barré de Pierre Pelot, où l’on découvre que les plus pervers ne sont pas forcément ceux que l’on croyait…
“ Garrigue T.1 : Personne n’est à l’abri d’une mauvaise rencontre ” par Olivier Berlion et Corbeyran
Editions Dargaud (13 Euros)
Olivier Berlion délaisse momentanément son excellent « Tony Corso » pour illustrer, avec trait anguleux de mieux en mieux maîtrisé, un autre polar psychologique, écrit avec son complice Corbeyran, avec lequel il a déjà réalisé les non moins indispensables « Lie-de-vin », « Cadet des Soupetard » et « Rosangella »). Son « Garrigue » est un gendarme de campagne à la retraite, fatigué et blasé, dont la vie bascule à moment précis : après l’enterrement d’un ami, il découvre, dans la cave du défunt, les papiers d’identité d’un inconnu ; il se met à enquêter et va s’apercevoir que ses potes, en qui il avait une confiance aveugle, se sont moqués de lui et l’ont trahi. Le bon chien fidèle, qui a passé sa vie à faire respecter l’ordre et à obéir, va alors se transformer en une véritable bête sauvage…. Dès les premières séquences, les auteurs installent l’ambiance : surtout avec trois pages silencieuses où l’on sent la chaleur lourde et suffocante de cette terre hostile et inquiétante qu’est cette partie du Sud de